Apprenez-lui à surmonter les défis

J’en étais encore à mes balbutiements en matière d’éducation, mais j’avais un chiot avide d’expériences avec une socialisation primaire lamentable, et beaucoup d’imagination pour remédier à cela. Une poubelle en plastique, des croquettes.. Une bouteille en plastique, des croquettes… Un tupperware en plastique, des croquettes… Je l’ignorais encore, mais malgré ce manque de diversité en matière de puzzles, j’offrais à Diez, mon chiot berger australien, une base solide pour lui apprendre à résoudre presque tous les problèmes qui se présenteraient à lui au cours de sa vie grâce à des défis ludiques.

Pourquoi apprendre à son chien à persister face aux défis ?

La réponse la plus prosaïque à cette question serait “on ne sait jamais” parce qu’au fond… C’est vrai. Et si votre chien vous perdait en forêt ? Et si il tombait dans un trou et qu’il devait passer par un petit tunnel pour en sortir, sans que vous ne puissiez l’aider ? Ou même, pour vous citer un petit morceau de quotidien que beaucoup ont déjà vécu, et si il perdait son os à mâcher, sa balle ou son doudou dans le jardin, sous le canapé ou dans des buissons ? Cela ne mettrait absolument pas sa vie en danger, mais n’est-ce pas plus simple d’avoir un chien qui cherche une solution face à un problème, plutôt qu’un toutou paumé qui hurle à la mort en implorant votre aide ?

Des corbeaux parviennent à résoudre des puzzles complexes pour récupérer leur nourriture, comme attraper un bâton pour faire passer un morceau de chair entre les barreaux d’une petite cage, ou empiler des cailloux pour ouvrir une trappe. C’est presque vexant de réaliser que nos petits trésors sont infoutus d’ouvrir une porte, alors qu’il suffirait de poser leurs pattes sur la poignée, non ?

Outre la simple possibilité d’avoir un chien plus prompt à trouver des solutions (scénario qui ne vous inspire peut-être pas, surtout si vous ne faîtes pas de shaping et ignorez donc à quel point favoriser la capacité de déduction d’un chien est important plus d’infos ici) le fait de confronter un jeune chien à des problèmes adaptés à son niveau lui permet d’apprendre à gérer sa frustration. Attention, car la nuance entre un chien légèrement frustré et un autre rendu carrément anxieux par son incapacité à résoudre un casse-tête inadapté à son niveau semble fine, mais peut causer plus de mal que de bien. On ne parle pas ici de créer un chien qu’un tremblement de terre ne surprendrait pas, mais plutôt de lui montrer, étapes par étapes, que chaque problème qui semble insurmontable sur le moment peut être réglé avec juste un peu plus d’assiduité.

La frustration, rappelons-le, est présente dans la vie de chacun, et nos chiens ne font pas exception à la règle. Ce sentiment agaçant peut se manifester de multiples façons, qu’il s’agisse d’une gamelle qui n’arrive pas assez vite, d’un congénère que la laisse ne permet pas d’aller saluer, ou d’une session d’entrainement trop longue, car nous aussi, nous avons nos failles. Vous allez fatalement être une source de frustration pour votre chien, en l’empêchant de renverser la poubelle, en le gardant attaché près d’une route qui sent pourtant si bon, ou en montant trop vite vos critères en lui apprenant un nouveau tour.

Pour des chiens sensibles, la plus petite frustration peut créer un “shut down” terme anglais qui signifie un peu “fermer les écoutilles”. Votre chien est dans son monde, essaie de réguler son stress, et ne répond plus ni à son nom, ni aux ordres connus. Il est hors de radar, complètement hermétique, et n’ouvrira les portes qu’une fois calmé. Pour ces chiens, distiller de tous petits (!!! notez bien, PETITS) challenges au quotidien sera une véritable aide pour leur vie future, car ce qui aurait pu les faire paniquer sans préparation ne leur causera peut-être qu’un très léger inconfort.

Résister à la nourriture, dès trois mois c’est possible !

Mise en place de défis adaptés

Vous venez de récupérer Hans, un mignon petit teckel de neuf semaines. Après quelques jours à profiter de sa compagnie, vous décidez de tester un peu son “”“intelligence”“” (notez les guillemets). Quel petit problème peut être adapté à un chiot de neuf semaines ? Inutile de chercher loin. Une poignée de croquettes sous un petit bout de carton, qu’il lui suffira de pousser pour accéder à sa récompense.

Hans vous montre qu’il est malin, c’est beaucoup trop facile pour lui ! Après quelques répétitions pour vérifier ses aptitudes, vous corsez un peu le niveau : cette fois, les croquettes sont sous une serviette, mais il ne doit qu’y glisser le nez pour les atteindre. Facile ! Quoi d’autre ? Des croquettes dans une boite recouverte par un couvercle (ou le même bout de carton, c’est bien de recycler !).

Au fil des semaines, vous pourrez mettre ses croquettes dans des récipients plus hauts, plus fins, qu’il devra pousser, faire rouler, renverser, ouvrir, déboîter… Mais si la nourriture aide énormément en guise de motivateur, votre quotidien et vos balades peuvent se transformer en opportunités de travail et d’amusement !

Voilà une liste de petits défis sympa :

  • Vous pouvez vous cacher et le laisser vous retrouver.
  • Vous pouvez mettre un petit obstacle entre vous et lui, comme un tunnel en tissu qu’il devra passer pour vous atteindre.
  • Si vous pouvez entrer dans un parc clos (parc à chiens ou de jeux pour enfants désert)  jetez un jouet ou des croquettes loin de la porte, attendez qu’il s’y intéresse et sortez du parc en longeant le grillage. Laissez le ensuite trouver la sortie !
  • Lorsqu’en laisse, il tourne à droite du poteau et vous à gauche, laissez-le donc réfléchir, et gardez simplement la laisse tendue.
  • Si vous êtes adeptes du kennel, tenez-le du côté opposé à la porte et laissez tomber des croquettes par le haut de la cage. A nouveau, laissez-le trouver comment y accéder
  • En balade, utilisez des obstacles naturels qu’il devra enjamber, contourner ou ramper dessous
  • Découper des trous dans une grande boite en carton et mettre des choses intéressantes (jouets, friandises) dedans. Les trous doivent être en haut, en bas, assez larges ou trop petits, avec des portes battantes, des formes inégales… Idéal pour les chiots de 6 a 10 semaines !
  • Mettez un peu de sa ration quotidienne dans un jouet distributeur (ou une bouteille sans goulot, une boite à mouchoir en carton…)
  • créer une petite rampe (stable ou a bascule) pour aller dans le jardin
  • mettre des coussins d’équilibre sur lesquels le chien doit marcher pour avoir sa gamelle
  • Et si vous avez d’autres idées, postez-les en commentaire !

Ces petits challenges peuvent s’intégrer dans la vie de tous les jours, et lui montreront, parfois même sans aucune forme de frustration, que chaque problème a sa solution, et que chaque solution vaut le coup d’être trouvée, puisqu’elle est récompensée ! En plus de booster sa confiance, cela forme également une très bonne forme de socialisation (visuelle, auditive, tactile) et incite les jeunes chiots à utiliser leurs méninges au lieu d’attendre en se frustrant – et donc en stressant.

Tout éleveur devrait disposer d’une petite installation comme la « Adventure box » qui permet aux chiots d’être en contact avec des objets lourds, bruyants, brillants, de formes et de textures différentes, qu’ils peuvent mordiller à loisir et s’adapter ainsi aux premières difficultés de leur jeune vie, facilitant grandement la résolution des prochains problèmes auxquels ils seront fatalement confrontés. Si la « Adventure box » est originellement utilisée pour les chiots de moins de 10 semaines, n’hésitez pas à fouiner sur Youtube à la recherche d’idées pour un chien adulte ; beaucoup sont incapables de passer sous un rideau de bouteilles en plastique par exemple !

Conclusion

De nos jours, nos chiens ont rarement l’opportunité de développer un esprit de déduction pour faire face à des problèmes donnés : si ils veulent sortir, on ouvre la porte, si un jouet est coincé sous le canapé, ils couinent et nous accourons le prendre pour eux. Il est certain que ce mécanisme prouve leur capacité à répondre à une contrainte, reste dommage le fait que nous devions faire partie de l’équation.

Outre les chiens de travail (entendez, chiens de berger ou de chasse) qui doivent prendre des décisions autonomes et non répondre à un conditionnement (comme en agility ou en obéissance, ou tout est codé par le maitre) nos compagnons ont le privilège de résoudre le casse-tête compliqué du kong à vider… Et c’est tout.

Au lieu de rire devant Médor qui hurle derrière son grillage alors que le portillon ouvert lui laisse le champ libre, aidons-les à forger leur esprit ! C’est drôle, booste votre imagination, prépare le terrain pour le shaping et lui permettra de vous surprendre lorsque vous vous y attendrez le moins.

Alors n’attendez plus, allez donc muscler ce cerveau qui ne demande que ça !

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